Introduction : comprendre le développement durable

Si vous avez lu mes précédents articles, ce paragraphe n'est qu'un rappel. Le Développement Durable est une approche qui vise à garantir aux générations futures la capacité de répondre à leurs besoins sans compromettre les nôtres. Cette notion s'attache avant tout à trois domaines :

• L'Environnement : Utiliser les ressources de manière responsable et préserver la biodiversité et les paysages naturels
• Le Social : En assurant le bien-être, la justice et l'équité pour tous et en favorisant des opportunités éthiques tout en garantissant une vie décente pour tous
• l'Economique : en créant de la richesse sans dégrader les autres paramètres, favorisant ainsi une justice économique pour tous.

En prenant en considération les risques et les impacts liés au changement climatique, à la pollution, aux polluants éternels, à la contraction des ressources, à la disparition de la biodiversité à une vitesse alarmante, les nations unies ont définis 17 Objectifs de Développement Durable. L'ensemble concoure à préserver la vie sur Terre, car là est le réel enjeu du développement durable : assurer un futur vivable à nos enfants, petits enfants, et toutes les générations suivantes.

Une illustration parlant mieux qu'une liste à la pré-vert, je vous partage ci-dessous la communication officielle des Nations-Unies pour les ODD :

Les enjeux environnementaux

Changement climatique anthropique :

Sujet hautement d'actualité, le changement climatique est aujourd'hui celui dont on entend le plus parler. Les causes du changement climatique sont connues, les conséquences également. Malgré tout, nous tardons à agir en profondeur car elles ne sont pas si simples à éradiquer. Zoom sur ce sujet clivant et pourtant si important

• Augmentation des températures mondiales :

Les mesures directes enregistrées depuis les 150 dernières années sont formelles : les températures ne font que monter chaque année. L'année 2024 est encore l'année de tous les records. Malgré le "mauvais temps" (ce terme me hérisse le poil) enregistré en France, le reste du monde souffre d'une canicule terrible depuis plusieurs mois. Plusieurs centaines de décès liés directement à la canicule qui touche de nombreux pays dans le monde sont à dénombrer.

Depuis début Juillet, aux Etats-Unis occidentales plus de 160 millions de personnes sont en alerte canicule potentiellement mortelle. En Inde, le pays est touché depuis le mois de mars et au 31 mai, plusieurs tribunaux nationaux ont exhorté le pays à décrété l'état d'urgence sanitaire nationale. Des températures à plus de 48°C en journée et supérieures à 30°C la nuit sont enregistrées à New Delhi, pulvérisant le record de 2003.

Les conséquences sont multiples : 

• Augmentation de la fonte des glaciers et des calottes glaciaires
• Augmentation du niveau de la mer
• Perturbation des cycles naturels des plantes, des animaux, de l'eau, etc.

• Modifications des cycles de précipitations :

Difficile de le nier au vue des précipitations anormalement faibles par endroit et anormalement fortes à d'autres endroits. Mais si l'on prend d'une manière plus générale, ces différences sont entrain de faire muter drastiquement le climat de près d'un tiers de la surface planétaire. Mais alors, pourquoi ?

L'explication se cache dans l'atmosphère ! Nous avons tous appris le cycle de l'eau de manière classique mais tronqué. Les océans s'évaporent, la vapeur forme des nuages, le vent transporte les nuages vers la terre et les courants d'airs et différences de pression génèrent les précipitations. Jusque là, tous le monde suit.

Mais si je vous disais que les plantes génèrent plus de vapeur d'eau que l'évaporation naturelle des océans ? Car oui, les plantes transpirent, et bien plus que l'être humain ! Donc que se passe-t-il si on augmente la température ? On transpire plus n'est-ce pas ? Pour les plantes, c'est pareil. Combiné à l'évaporation des surfaces d'eau, accrue elle aussi par l'augmentation des températures, cela génère une augmentation du taux d'humidité dans l'air. 

En recoupant les données atmosphériques de la NASA et de l'EPA (Environmental Protection Agency), des chercheurs américains ont pu ainsi démontrer que des zones soumises à des risques de tempête subissent plus de précipitations que les 100 dernières années et que les zones au contraire à risque faible sont plus soumises à la sécheresse.

Le graphique ci-dessous tiré du site de l'EPA, montre les épisodes d'anomalies mesurées depuis le début du 20ème siècle aux Etats-Unis.

Ce modèle américain n'est pas unique et de nombreuses autres parties du globe sont impactés par la modification des précipitations. Cela va entrainer un stress hydrique ayant pour conséquence des ruptures d'approvisionnement en eau potable. Le stress hydrique est une situation de tension sur l'approvisionnement en eau, il est principalement dû au fait que seul 2,5% de l'eau disponible sur Terre est douce et potable. On estime que le stress hydrique va toucher 1 milliard de personnes d'ici à 2050 (source : 25 pays confrontés à un stress hydrique extrêmement élevé | Institut des ressources mondiales (wri.org)).

La perte tragique de biodiversité :

La biodiversité terrestre et maritime s'effondre à une vitesse alarmante, du jamais vu depuis la fin des dinosaures ! Les dernières études scientifiques démontrent que seul 4% de la masse totale des mammifères terrestre est représenté par des espèces sauvages, 60% par les animaux d'élevage et 36% par l'être humain.

Un petit rappel basique de la chaîne alimentaire s'impose pour comprendre le réel enjeu derrière cet effondrement massif. D'une manière très simple :

• Les végétaux nourrissent les herbivores
• Les herbivores nourrissent les carnivores

Mais pour qu'un végétal puisse pousser, il faut une terre riche en nutriments, qui sont apportés par plusieurs facteurs dont les insectes en sont les vecteurs dans de nombreux cas : pollinisation, déplacement de graines, dégradation des végétaux morts. Ainsi, le socle réel du vivant du règne animal sont les insectes. Les insectes servent également de principale source de nourriture au reste du règne animal. Car oui, il y a bien plus d'insectivores que de carnivores ! Oiseaux, arachnides, certains mammifères, poissons, tous se nourrissent principalement d'insectes.

Or, l'industrie de l'agrochimie et les industries en règle générale détruisent à grand coup de biocides ces "gêneurs" pour l'agriculture ou l'hygiène. Le mot biocide exprime déjà pleinement la violence de ce produit. Bio = vie ; Cide = tuer... Oui, un biocide est spécifiquement fabriqué pour tuer la vie.

Savez-vous ce que sont les biocides ? Petit focus sur ces "sympathiques" produits :

• Herbicide : Ils sont définis comme étant des substances désherbantes naturelles ou de synthèses destinées à éliminer les végétaux. RoundUp, Glyphosate sont les plus connus. Une dose de 450g/L et par en suffit à rendre un sol stérile...
• Fongicide : Produit phytosanitaire (pesticide) dont la propriété est de contrôler, repousser ou détruire les champignons. Les champignons, sous l'ensemble de leurs formes et variétés, sont bien plus nombreux que les plantes. Ils sont, en masse totale, cinq fois plus nombreux que les végétaux. Et c'est la première richesse des sols. Faut-il vraiment les éliminer ?
• Insecticides : ce sont des substances actives ou des préparations phytosanitaires ayant la propriété de tuer les insectes, leurs larves et/ou leurs œufs. 

D'autres causes touchent la biodiversité telle que :

• La déforestation
• Le changement d'usage des sols
• Le réchauffement climatique
• Le manque d'eau
• La rupture de continuité écologique.

Mais aucune de ces autres causes n'est aussi violente que l'usage massif des pesticides ! Ne vous y trompez pas, c'est le principal ennemi de la biodiversité.

Nombre d'entreprises seront impactées par cette perte de biodiversité, car elles dépendent pour beaucoup de ces systèmes écologiques soutenus par le vivant. Agriculture, agronomie en sont les victimes directes et pour autant la source du problème avec l'usage des pesticides, mais aussi des semences génétiquement modifiées ou enrobées par ces substances. Vient ensuite d'autres filières telles que le bois, les métiers de la construction, l'industrie pharmaceutique et les filières textiles. 

Les enjeux économiques

Coût des catastrophes naturelles

Les années se suivent et ne se ressemblent plus en termes de climat. Il est devenu difficile de prédire les évènements climatiques, qu'ils soient normaux (enchaînement des saisons, périodes de pluies, etc.) ou épisodiques (tempêtes, grêle, etc.).

Les perturbations nombreuses des cycles naturels provoquent des fréquences accrues d'épisodes climatiques violents. Les effets sont nombreux ! Orages violents qui provoquent des dégâts très importants, coulées de boues, grêle, incendies, sécheresses, sont de plus en plus fréquents, en intensité, mais aussi en durée. 

Outre les coûts de réparations très importants, votre entreprise pourrait également souffrir de l'augmentation des primes d'assurance. Voici un graphique qui illustre l'augmentation des coûts de l'assurance habitation depuis les vingts dernières années :

L'évolution suit la même tendance pour les assurances professionnelles et si les catastrophes continuent à s'enchaîner, il est même probable que certains évènements ne puissent plus être assurables à cause des coûts qu'ils engendrent.

Coût de l'adaptation au changement climatique :

Bien que souvent négligé dans les coûts de l'entreprise, l'adaptation au changement climatique présente un défi de taille pour un grand nombre de raisons. La première et la plus évidente sont la soutenabilité des températures dans les ateliers et les bureaux. En effet, avec l'augmentation de la température moyenne et de l'humidité relative, certaines activités sont plus difficilement supportables. 

Vient ensuite toutes les raisons que j'ai citées plus haut, car elles influencent le fonctionnement de l'entreprise et il faut s'habituer à ces nouvelles contraintes, mais aussi revoir le modèle économique de fonctionnement de l'entreprise avec ses partenaires. Et modifier des process déjà bien établis est forcément plus complexe et coûteux.

Enfin, dans le coût de l'adaptation, il y a de nombreux coûts indirects et cachés : augmentation des risques de ruptures d'approvisionnement, augmentation des prix de l'énergie et des matières premières, raréfaction des ressources, mécanismes d'ajustement des marchés tirant les prix vers le haut, augmentation de la mise en concurrence.

De quoi passer de longues heures à vous prendre la tête pour garder un peu de rentabilité et conserver votre entreprise à flots. 

POur conclure sur cette première partie, vous l'avez compris, rien que du point de vue environnemental et économique, il y a déjà beaucoup d'enjeux qui affectent ou affecteront votre entreprise. Si vous ne vous y adaptez pas, le risque est de voir votre entreprise en grande difficulté. Et je n'ai pas parlé dans cet article de l'instabilité du marché, car ce n'est pas le propos. Mais il y a fort à parier que, comme toutes les entreprises à travers le monde, vous ayez en ce moment même des difficultés à cause du marché instable.

Dans un prochain article, je vous partagerais les enjeux sociaux et politiques liés au développement durable pour que vous ayez un tableau clair de l'ensemble des sujets qui y sont liés.

Je suis Gilles THÉOPHILE, consultant en stratégie de développement durable pour les start-up et PME.

Ma raison d'être : transformer l'économie pour la rendre plus durable, respectueuse de l'environnement et des humains.

Pour assurer l'avenir de nos enfants, je mets mon expertise au service des entreprises engagées vers un futur durable.

Vous avez besoin d'un accompagnement pour définir votre stratégie ? Je vous offre 30 minutes de consultation gratuite pour échanger sur vos défis actuels. Prenons rendez-vous !

Je répond à vos questions :

Qu'est-ce que le développement durable et pourquoi est-il important ?

Le développement durable vise à satisfaire les besoins actuels sans compromettre la capacité des générations futures à satisfaire les leurs. Il se base sur trois piliers : l'économie, l'environnement et le social.

Son importance réside dans la promotion d'un équilibre entre la croissance économique, la protection de l'environnement et le bien-être social. Si l'on résume grossièrement, c'est d'assurer à nos enfants que la planète sera encore vivable après nous.

Comment le changement climatique affecte-t-il les régimes de précipitations ?

Je vous ai déjà parlé des changements de précipitations partout dans le monde plus haut, mais je n'ai pas répondu à cette question, alors voici un bref résumé. 

Le changement climatique modifie les régimes de précipitations en intensifiant le cycle de l'eau. Cela conduit à des épisodes de précipitations plus intenses dans certaines régions et à des sécheresses plus fréquentes dans d'autres. Ces modifications peuvent provoquer des inondations, perturber l'agriculture et affecter les ressources en eau.

Pour en savoir plus sur le vrai cycle de l'eau, je vous invite à suivre une conférence de Charlène Descollonges. Spécialiste de l'eau, elle expliquera mieux que moi cet enjeu capital pour la survie de l'humanité. Voici le lien vers son intervention pour la journée mondiale de l'eau : Journée mondiale de l'eau - Charlène Descollonges

Quelles sont les principales causes du changement climatique ?

Attention, cette question pourrait être complétée d'un article bien plus conséquent alors, je vais répondre brièvement ici. Les principales causes du changement climatique sont les émissions de gaz à effet de serre, principalement le dioxyde de carbone (CO₂), le méthane (CH₄) et les oxydes d'azote (NOₓ), provenant de la combustion des combustibles fossiles, de la déforestation, de l'agriculture intensive et de certaines activités industrielles.

Il faut également citer le changement d'usage des sols et la rupture de continuité des écosystèmes qui perturbent les grands cycles du climat. Car la faune et la flore a une influence directe sur de nombreux paramètres du changement climatique.

Quelles actions peuvent être entreprises pour atténuer les effets du changement climatique ?

Là aussi, il y a énormément de choses à dire. Je ferais un article pour apporter plus de précisions. Voici quelques actions possibles pour l'atténuation :

• Réduction des gaz à effet de serre par l'adoption des énergies renouvelables
• Amélioration de l'efficacité énergétique des bâtiments et des process
• Promotion des modes de transport durables
• Protection et restauration des forêts
• Adoption de pratiques agricoles durables
• Adaptation des espaces extérieurs à la faune et à la flore